• De la « Destinée manifeste » au Sommet de la CELAC

    Manuel E. Yepe

    LA Destinée manifeste, un concept apparu dans les dernières décennies du 18e siècle, attribuait aux États-Unis la mission spécifique d’étendre leur système d’organisation économique, sociale et politique, en premier lieu à toute l’Amérique du Nord, puis à tout l’Hémisphère Nord (continent américain).


    James Monroe, président des États-Unis de 1817 à 1825, proclama en 1823 sa doctrine, connue aussi sous le nom de Doctrine de l’Amérique pour les Américains.

    L’expansion vers l’ouest s’acheva vers la fin du 19e siècle : les populations autochtones furent pratiquement décimées et les voisins mexicains furent dépouillés de près de la moitié de leur territoire.

    En 1823, le président nord-américain James Monroe proclama sa doctrine, également connue sous le nom Doctrine de l’Amérique pour les Américains, selon laquelle toute intervention de la part de n’importe quelle puissance européenne dans les républiques latino-américaines naissantes serait considérée comme une menace pour les États-Unis, lesquels s’arrogeaient le droit de « protéger » la région. Un geste de paternalisme qui, rapidement, démontra son caractère expansionniste.

    Le 6 décembre 1904, le tout nouveau président élu des États-Unis, Théodore Roosevelt, ajouta à La Doctrine le fameux Corollaire Roosevelt : « L’adhésion des États-Unis à la doctrine de Monroe peut forcer les États-Unis, même à contrecœur, dans des cas flagrants d’injustice et d’impuissance, à jouer le rôle de police internationale. »


    Le président John Kennedy (1917-1963) lança l'Alliance pour le Progrès pour freiner l'influence des idées de libération promues par la Révolution cubaine.

    En 1912, le président des États-Unis, William H. Taft déclara : « Le jour n’est pas éloigné où trois drapeaux étoilés signaleront en trois points équidistants l’étendue de notre territoire : l’un au pôle Nord, l’autre sur le canal de Panama et le troisième au pôle Sud. Tout l’hémisphère sera, de fait, le nôtre, comme il l’est déjà moralement en vertu de la supériorité de notre race. »

    Des années plus tard, en 1961, dans le cadre de la stratégie des États-Unis pour neutraliser l’influence des idées de libération promues par la Révolution cubaine en Amérique latine, le président John Kennedy lança l’Alliance pour le Progrès, un programme soi-disant de coopération économique avec l’Amérique latine, mais qui maintenait les bases de l’échange inégal.

    À partir des années 80, un tournant néolibéral implacable fut imposé aux pays d’Amérique latine et de la Caraïbe, avec pour objectif de modeler leur économie aux exigences de l’impérialisme nord-américain à son étape actuelle.

    Avec les recettes bien connues de la privatisation : l’ouverture des marchés et la libéralisation, le néolibéralisme mit en place des stratégies de développement censées insérer l’Amérique latine dans l’économie mondiale globalisée. Le marché « libre » mondial – en réalité contrôlé par les pays développés et leurs grands consortiums transnationaux – déplaça les marchés nationaux et le commerce régional latino-américain qui, inévitablement, lui restèrent subordonnés.


    Le général Colin Powell, alors Secrétaire d’État des États-Unis, déclara dans un discours que l'objectif de son pays était de garantir aux entreprises nord-américaines le contrôle d'un territoire s'étendant de l'Arctique à l'Antarctique.

    Selon le discours néolibéral, le marché – libéré de toute régulation officielle – pourrait assurer à chaque pays, de manière automatique, les avantages commerciaux découlant de son accès aux bénéfices dérivés des échanges.

    Mais la dure et cruelle réalité de ces années de règne néolibéral démontra que, sans régulation et avec comme formule suprême la privatisation, le marché ne généra pas le développement mais l’injustice sociale, la pauvreté, l’exclusion, l’enrichissement illicite, la corruption et l’humiliante domination impérialiste de la région. Il fallut de brutales dictatures militaires pour imposer les règles du jeu, lesquelles ne purent cependant pas faire taire pour longtemps la rébellion populaire et les mouvements sociaux.

    En 2001, le général Colin Powell, alors Secrétaire d’État des États-Unis, déclara dans un discours : « Notre objectif est de garantir pour les entreprises nord-américaines le contrôle d’un territoire s’étendant de l’Arctique à l’Antarctique et le libre accès de nos produits, services, technologie et capitaux dans tout le continent, sans aucun obstacle. »

    Pour les mêmes raisons qui firent que l’empire anglais dut défendre il y a 500 ans la « liberté des mers » – car il possédait une flotte avec laquelle aucun autre pays ne pouvait rivaliser –, l’impérialisme étasunien brandit aujourd’hui le drapeau de la « liberté de commerce », en s’appuyant sur l’énorme avantage qu’il tire de son niveau de développement économique, largement supérieur à tout autre sur le continent.


    Le 2e Sommet de la Communauté des États d’Amérique latine et de la Caraïbe qui s’est tenu à La Havane a démontré qu'une nouvelle politique d'intégration, plus juste et plus unie, gagne du terrain dans Notre Amérique.

    Alors que le discours impérialiste est aujourd’hui aussi agressif que dans ses pires moments, que Washington déclare des guerres asymétriques et lance des croisades contre des pays du Tiers monde sous de faux prétextes de terrorisme, de trafic de drogue, de violations des droits de l’Homme et autres crimes, tout en étant lui-même le premier transgresseur au niveau mondial, le panorama politique du continent ne cesse de se modifier.

    Preuve en est le 2e Sommet de la Communauté des États d’Amérique latine et de la Caraïbe, forum d’unité dans la diversité qui vient de se tenir à La Havane avec la participation de pratiquement tous les chefs d’État et de gouvernement de la région.

     

    SOURCE: Granma International

     

     

     


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